vendredi 8 août 2008

Christian Mistral à toutes les sauces: Vautour, Valium, Léon Coco et Mulligan

Dans toutes ses chroniques urbaines, Christian Mistral nous raconte les gens qu'il a rencontré dans ce Montréal. Et ces gens deviennent le sujet principal de ses bouquins. Il nous les racontent avec toute la poésie de ses mots. Des gens qui sont passés dans sa vie, qui ont marqués sa vie, qui avaient les mêmes rêves que lui.

Vautour

Vautour, c'est un musicien, Mistral le rencontre en allant louer un appartement. Ils deviennent des colocs. Vautour, c'est littérairement, la mort puisque Vautour va mourir.
- C'est une bosse.
- Je vois bien que c'est une bosse.
- J'suis venu au monde avec.
- Ah!
- Tu peux regarder, ça me gêne pas.
- Bon, bon!
- Non vraiment, ça me fait pas un pli! J'suis né avec un trou dans le coeur gros comme un dix cents, et le sternum un peu retourné, comme ça, tu vois? (Torsion de l'avant-bras) Y m'ont mis des barreaux d'acier dans la cage thoracique. C'est pour ça que je vais pas à la bibliothèque.

Dans ce bouquin, Mistral nous parle de la mort d'un ami. Ça façon de voir la mort, poètiquement comme à son habitude.


Vallium, c'est l'histoire de Joe et de Marie-Raspberry. Deux femmes que Mistral a aimé en même temps, une qui habitait à Ottawa, Jo, journaliste littéraire. Marie-Raspberry, elle voulait écrire un roman, Mistral l'a rencontré au Salon du livre de Montréal, elle était une de ses fans inconditionnelle.
Et quand il a annoncé à Jo qu'il aimait Marie plus qu'elle, on a retrouvé Jo avec sur la tête un sac de plastique, morte étouffée.


Mais enfin, me disais-je, comment est-ce possible? Supposons qu'un homme veuille se noyer dans sa baignoire: il aura beau être tout à fait décidé, au dernier moment, lorsque l'air viendra à lui manquer, ne donnera-t-il pas d'instinct un coup de pied pour remonter à la surface? Comment le même réflexe n'a-t-il pas joué pour Jo, avec son sac de polythène retenu au cou par des élastiques? C'est ainsi que j'ai pensé au Valium. Elle avait dû s'assommer, comme une paruline à tête cendrée, afin de rendre l'âme paisiblement sous le regard de Charlie Chaplin. A tout le moins, elle avait avalé une tisane de valériane par-dessus quelques cocktails. Le Valium vient de la valériane.
Quand à Marie-Raspberry, je n'ai pas su la retenir. Nous nous sommes croisés, quelques années plus tard, dans l'autobus. Elle partait au Japon, son roman avait paru, mais la littérature l'avait déçue.

Léon, Coco et Mulligan

Léon, que je soupçonne être Mistral, Coco, poète, je crois que c'est son père (littérairement parlant) et/ou Nelligan, Mulligan, ce sont les vers que Coco répètent sans cessent:
Quand l'oracle a prédit le tonnerre et la grèle
Au semeur étourdi que de nouveaux malheurs ...
Ainsi qu'une implacable et mortelle tumeur ...
Vont s'abattre et déments, faucher d'un bras cruel ...


C'est un bouquin assez bizarre, Léon et Coco arrivent à Montréal, s'installent au Carré St-louis, et vivent des droits d'auteurs de Coco. Le temps d'un été, on sait tout ce qui s'y passe, nos deux compères font la fête, jusqu'à ce qu'un matin Léon retrouve Coco mort:


Sans ralentir, soufflant comme un phoque, il courut pieds nus le long de la rue de Bullion, vira sur Prince-Arthur et arriva hors d'haleine au carré. De loin, il distingua quelques badauds fantomatiques attroupés autour de la fontaine. Derrière lui, les pas de Hugo résonnaient sur le pavé mouillé. Sans l'attendre, il marcha jusqu'au bassin. La rumeur se tut. Là, dans l'eau épaisse et verte, Coco flottait, ses yeux immenses tournés vers le ciel, une étoile d'argent dans chacun. La pluie reprenait, rose, camouflait les larmes de l'homme en pyjama. - C'était Camille Mulligan, hein? C'était ça, les chèques. Des droits d'auteur?
Les sirènes de police se rapprochaient vite. Frissonnant, Léon se frictionna brutalement les bras. Tournant les talons, il croisa le chauffeur de taxi:
- Ouais. C'était mon père.
Et il s'en fut, courbé sous la bruine de septembre.
Je crois que Mistral, après un soir de scotch, a rêvé ce bouquin ...
Mais c'est quand même une très belle histoire.

J'ai beaucoup aimé ces bouquins, je trouve que ça fait changement de tout ces romans qu'on lit. J'ai porté attention au vocabulaire, je trouve vraiment que Mistral a un beau style, c'est un grand écrivain et il devrait écrire autre chose que des chroniques, il devrait écrire un Grand Roman, il en est très capable.

Je vous le suggère, pour faire changement, parce que ce sont de tout petits livres qui se lisent dans le temps de le dire.


La Tourneuse de page

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour ! J'ai justement le goût de me procurer les romans qui précèdent "Léon, Coco et Mulligan". J'ai vu que vous aviez laissé un commentaire sur son blogue.
Par contre, vous lui conseillez un roman au lieu de chroniques mais "Léon, Coco et Mulligan" est justement un roman en bonne et due forme, non ?

Anonyme a dit…

Oui et non, je trouve que c'est le regard de l'auteur, qui regardait de sa fenêtre, ce qui se passait dans son quartier, dans sa rue c'est une chronique sur l'itinérance de Montréal. C'est mon opinion personnel, je me trompe peut-être ...

Anonyme a dit…

Mais on ne peut enlever le style d'un écrivain, lui c'est ça et il le fait très bien .... il vit à Montréal et aime Montréal, alors il en parle. Voilà

Anonyme a dit…

C'est vrai qu'il y a un petit quelque chose de chroniquement "chronique" dans sa manière de raconter.
Par contre, je perdure dans mon opinion, il y a bel et bien une histoire, l'histoire d'un curieux tandem, Coco et Léon et on veut à tout prix savoir qu'est-ce qui les unit. C'est leur histoire et se greffe autour des histoires.
Comme vous dites, c'est ma vision, vous avez la vôtre !

Anonyme a dit…

Le tandem oui: dans un de ses autres bouquins il parle une seule fois de coco: et non je ne vous direz pas cé qui 8-)

Anonyme a dit…

Je les ai pas tous lu ses bouquins j'avais pris une pause; faudrait que je finisse de tout le lire et peut-être qu'on saura toute la vérité, il faut lire le premier livre au dernier, parce qu'aussi ses chroniques sont aussi une biographie, réelle ou irréelle .... de sa vie, des évènements qui ont marqués sa vie ...

Anonyme a dit…

C'est très vilain, de révéler la fin de LCM!

Héhéhé.

Coco, l'autre, apparaît dans Vautour. C'est une fille.